Qu’est ce qu’on mange en voyage à vélo ?

Très chers et chères cyclistes (ou non d’ailleurs), je vous écris afin de parler de nourriture, de sustentation, de calorie, de diète, de…. Non, pas du tout. Je vais juste parler de la crainte que j’avais avant de partir à l’aventure, et certainement la crainte principale de ma maman : « Qu’est ce que tu vas manger ? »

Au moment de partir pour mon premier voyage, ma maman m’avait mis une boite énorme de gâteaux indiens (vous savez, très gras, très sucrés) qu’elle avait fait dans mon paquetage. Cela m’a beaucoup servi, notamment à me faire des amis.

Cela dit, on ne peut pas se nourrir que de gâteaux indiens.

On peut aller au restaurant et petit déjeuner dans des cafés, on peut manger froid tous les jours. Pour un voyage un peu plus long ou pour d’autre manière de faire il faut se poser la question de la cuisine en bivouac. Et là, on commence à s’amuser. En effet, si on a optimisé toutes les choses de notre paquetage, on ne va pas soudainement emporter toutes les choses pour cuisiner. Ou bien… si ?

Je vais vous raconter ce que j’emporte pour cuisiner, ce que j’aime manger en voyage et quelques aventures.

Au niveau du matériel, je fais comme pour la rando. C’est à dire : léger, pour une personne et demi (au cas où il y a un ou une invitée) et efficace pour trois jours. Trois jours c’est la durée qui me convient pour rester loin du monde. j’imagine qu’il y a des gens qui voudront plus d’autonomie, d’autres qui en veulent moins.

Donc je prends : une casserole (popotte) de 1,5L et son couvercle (qui peut servir de poêle) une assiette, deux gobelets, un truc qui fait cuillère d’un coté et fourchette de l’autre. C’est pas pratique pour manger les spaghetti mais bon, on est en camping, un opinel. Pour le feu j’utilise un petit camping gaz et je prends deux cartouches avec moi. Cela fait bouillir un litre d’eau en trois quatre minutes quand on mets à fond et qu’on couvre et on trouve des recharges dans les supermarchés, les épiceries, les magasins de sports dans toute l’Europe.

Pour ce qui est des réserves de nourriture, il faut voir le standing qu’on se propose d’avoir. Moi j’ai toujours ma cafetière à l’italienne et j’aime bien manger, alors je m’achètes des légumes, je cueille des herbes quand j’en trouve, je me balades avec une petite boite à épice et des bouillons cube. Je me permets même d’acheter de la viande si j’en trouve en fin de journée. Il faut aussi savoir que le beurre clarifié n’a pas besoin d’être garder au frais et se conserver très bien dans un pot et reste plus ou moins solide.

Pensez à Sam Gamegie qui a emporté son matériel de cuisine jusqu’au Mordor ! Et ce matériel est bien pratique et permet parfois des rencontres surprenantes, par exemple si un monstre vert nous apporte un lapin.

Un soir, j’avais posé ma tente au bord du fleuve Po en Italie, quelque part après Turin j’installais mon campement (ma tente et mon fil à linge pour faire sécher le cuissard, je vous passe les détails). Un vieux, Italien, casquette vissée et l’air déterminé m’a interrogé plutôt sèchement : « qui es tu ? que fais tu ? tu partiras quand ? à quelle heure ? tu es sûr ? » et moi j’ai répondu que j’étais Mourtaza, un voyageur, que j’allais vers la Grèce ou plus loin si dieu voulait bien m’y porter, que je décamperai un peu après l’aube vers 7h. C’est une réaction assez normal, les gens plus ou moins sympas, qui nous voient bivouaquer aiment bien être sûrs qu’on ne restera pas plusieurs jours à un endroit. Ensuite, l’homme, toujours sur un ton sec, m’a posé d’autres questions : « qu’est ce que tu vas manger ? tu as ce qu’il faut pour cuisiner ? tu n’as pas faim ? ». Je me disais dans ma tête « de quoi se mêle t il celui là ! » et je répondais que j’avais tout ce qu’il faut et que je repartirai en laissant l’endroit propre si c’était son souci. Il est parti sans dire au revoir. Le lendemain matin, Je remballais mon barda après que les oiseaux anté-matinaux m’aient tiré de la torpeur de mes rêves nocturnes : mon café montait, mêlant à la délicieuse odeur de terre mouillée l’odeur du breuvage porteur de vie (je n’exagère en rien) quand soudain, arriva le vieux. Tout sourire, il me dit : « sors ta poêle ! As tu du beurre ? » Alors j’ai sorti ma poêle, et je lui ai donné du beurre. Et là, il a sorti des œufs et des asperges sauvages. Et il a fait revenir les asperges et il a cassé les œufs. J’ai rajouté du poivre et du sel.

Les oeufs se transportent d’ailleurs étonnamment bien à vélo, il suffit de les caler dans la boite dans le paquetage et cela ne bouge pas. Cela ne peut pas être pire qu’une deux chevaux sur un chemin de vigne de toute manière. En terme de nourriture, je choisis des choses qui se cuisinent facilement juste à l’eau. L’idée général étant de pouvoir tout cuire en une seule fois et pouvoir manger même si ce n’est pas cuit afin d’économiser le gaz.

Une recette type ce serait la suivante : Dans la casserole, faire revenir des oignons et de l’ail dans du gras (beurre clarifié, huile des sardines…) et les légumes achetés le matin ou la veille au marché du dernier village (ou glaner au champs…). Les légumes qui fonctionnent bien sont des légumes qu’on prend plaisir à manger même craquant : par exemple les carottes, les courgettes, les navets, haricots verts. Les pommes de terres, les aubergines et pas mal de légumineuses ne sont pas bonnes pour cela. Ensuite on peut ajouter le riz ou les pâtes (les carbs) et de l’eau à raison de une dose d’eau pour une dose de carbs. C’est prêt quand il n’y a plus d’eau ou quand le riz est cuit (ce qui arrive au même moment normalement. Les petits trucs pour rendre ce plat et toutes ces variantes délicieuses c’est d’avoir des épices, du sel et du poivre.

Un truc qu’on a souvent, quand on pédale toute la journée, ce sont des amandes et autres fruits sec. Imaginez la recette précédente : on fait revenir des tomates, des oignons et de l’ail, on ajoute du poulet car il y avait une boucherie ouverte à la dernière ville, on ajoute du curcuma, du piment, du poivre, du riz de l’eau et des amandes (et autre cacahuètes) en poudre.

Selon la saison, on peut trouver des herbes pour aromatiser les bouillons : du persil, de l’ail des ours, de la ciboulette… bien entendu il ne faut pas se risquer aux plantes inconnues et surtout pas aux champignons. J’aimerai bien, un jour, connaître les champignons suffisamment bien pour les cueillir. Je n’en suis pas encore là.

Enfin, le truc ultime que j’ai toujours au fond de mon sac, en cas de coup dur, parce que j’ai rien à manger mais je ne peux rouler plus longtemps (fatigue, nuit, n-ièmes crevaisons ou que sais-je encore… ), ce sont des paquets de nouilles chinoises avec leurs petits sachet d’aromates. Ce n’est pas mon plat préféré, loin de là, mais cela se conserve éternellement. Cela ne pèse réellement rien, deux paquets font largement un repas et, dernier point, on peut les réhydrater dans de l’eau froide (il suffit d’attendre plus longtemps, environ une heure).

Et vous, que mangez vous en voyage ?

Les premiers tours de roues.

Il y a un moment déjà, j’apprenais à faire du vélo, les roulettes ont été retirées et je me suis mis à avancer pour tenir en équilibre. Depuis, d’une certaine manière, il ne s’agit que de cela.

Avancer pour tenir en équilibre. Un jour j’écrirai un article sur la physique des vélos : pourquoi cela tient, pourquoi on se penche dans les virages, pourquoi on a du mal à lâcher le guidon, pourquoi se mettre sur un grand plateau et une petite vitesse rend le pédalage plus difficile… Entre temps je vais vous raconter une histoire, vous parler de moi (car c’est mon blog), de mes vélos (car c’est un blog qui parle de vélos). Découvrons qui je suis, vélo après vélo.

Mon premier vélo était donc ce vélo à roulette, il était extrêmement lourd, rose délavé, comme une glace à la fraise qui ne donnerai pas envie. La selle était blanche et il était monté avec un pignon fixe. Il n’y a pas grand chose à dire ci ce n’est qu’on faisait des parcours, avec mes sœurs, dans le jardin. Elles avaient des grands vélos bien plus à même de passer des obstacles. Et moi, fatigué de m’écorcher les genoux, je demandai à mon Papa de retirer les roulettes (à cause desquelles je tombais, m’étais-je figuré).

Ensuite j’ai eu un vélo violet avec des roues jaunes de 20 pouces, il avait une roue libre et des freins. Avec celui-ci j’avais le droit d’aller chez GuiGui, qui habitait à deux rues de chez moi. C’était dans une toute petite ville, un peu le début de la liberté. Ce cadre est rapidement devenu trop petit pour moi.

J’ai alors récupéré la bicyclette rose de ma grande sœur. Elle était géniale : des roues de 24 pouces, six vitesses, un cadre en acier pile à ma taille. (un ensemble qui doit peser environ 15 kilos mais passons sur les détails). Ce vélo était certainement le meilleur que je ne possèderai jamais car il incarnait mon indépendance : j’allais au Judo, chez mes amis, faire du cross dans les bois, à toute vitesse ! C’était certainement mon premier vélo qui n’était pas « un jouet ». Bon, je me le suis fait voler. J’ai un peu pleuré mais mon oncle m’a donné mille francs (Dieu que je suis vieux !) pour que je me trouve ma nouvelle petite reine.

Celui-ci était rouge et il y avait écrit « sonic » dessus en lettre jaune. Je pense qu’il allait très vite. Ce n’était pas un très bon vélo, je l’ai cassé super vite. J’ai beaucoup appris dessus cela dit : réglage des freins, du dérailleur, changement du jeu de direction et rustinage. Je faisais réellement n’importe quoi avec ce vélo. Je me souviens bien. Il y avait un escalier qui menait à la boulangerie. Il n’était pas rare qu’au lieu de descendre par le chemin je prisse l’escalier à vélo et, quand la voie était libre, je sautais de nombreuses marches à la fois. Je me suis cassé le poignet aussi, en tombant du vélo, parce que je conduisais comme un idiot. On m’avait pourtant dit de porter un casque.

le suivant était un VTT tout suspendu acheté chez carrefour, c’était une horreur. il pesait 4 tonnes, j’ai tué les suspensions en deux trois descentes… PAS OUF.

Enfin j’ai eu un premier bon vélo, un de chez décathlon, moyen de gamme, fourche télescopique quelques vitesses indexées qui m’emportaient autant sur les routes plates et monotones que les chemins pentus, je pouvais faire quelques descentes (j’ai plié le cadre sur un saut et j’ai acheté un autre vtt vert fluo haut de gamme par la suite). Je devais avoir 16 ans quand je l’ai eu. Je me déplaçais tellement à vélo que c’est à cette époque qu’à germer l’idée que je devais voyager à vélo. Cela dit, et je vous l’écrirais plus tard, j’imaginais les voyages à vélo comme des aventures épiques et impossible pour le commun des mortels. On saura dans deux vélos et quasiment 10 ans plus tard que je me trompais.

à 18 ans, je suis venu à Paris pour faire mes études. C’était une grande ville et j’étais habitué à faire du vélo dans ma ville de campagne, sur des chemins de terre, dans la forêts, sur les verdoyantes collines où se cultivait le raisin du vin de Bourgogne. A Paris, j’ai eu peur. J’ai eu peur quand le bus m’a frôlé, j’ai eu peur quand la voiture m’a grillé la priorité, j’ai eu peur à chaque instant du trajet qui allait de chez moi au lycée. A ce moment, il y a une dizaine d’année, il n’y avait que très peu de vélo à Paris, quasiment aucune piste cyclable, et le comportement des motorisés était pire qu’aujourd’hui. Je me suis acheté mon vélo bleu et jaune (un Peugeot) de route, à 26 ans. Age à laquelle cesse la réduction Imaginaire (qui rend abordable le pass de transport à Paris). Et j’ai redécouvert le plaisir de me déplacer à vélo. Certes je continuais à pédaler dans les collines, mais le plaisir du sport n’est pas le même que la joie du déplacement. Et je découvrais le vélo de route. jusqu’à présent je n’avais eu que des VTT, c’est extrêmement lent un vélo tout terrain sur du bitume. Là, soudainement, sur des roues de 23 (super fines), gonflées à bloc, je volais. J’avais si peu de contact avec le sol. Dire que je volais n’est pas peu dire. Alors me revint l’idée de voyager à vélo.

C’est là que j’ai eu mon cadeau de thèse. Mes parents m’ont offert, pour la conclusion de mes études un cyclocross qui m’a mené de Bourgogne en Italie où je me suis fait voler mon beau vélo dans une histoire qui méritera plusieurs billets de blog à elle seule.

Voilà, pour résumer ma vie se découpe facilement de vélo en vélo : un rose, un bleu, un rose, un rouge, un VTT suspendu cassé, un VTT decath plié, un VTT vert fluo pour les collines, un velo de route pour faire du vélotaff et voler, un cyclocross pour voyager. Parce qu’on aime nos machines bien au delà de leurs qualités, pour les souvenirs qu’elles nous laissent et les aventures qu’elles nous permettent de vivre. On les uses, on les casse, on se le fait voler, on les répare, on les retrouve et on sculpte en caressant avec la gomme toutes les routes et les chemins du mondes.

Et vous, qu’elles ont été vos vélos ?